Étude de cas

300 000 tonnes de déchets d’arsenic en Namibie, des millions de bénéfices pour IXM en Suisse

Pendant 14 ans, la multinationale minière canadienne Dundee Precious Metals a fait fondre en Namibie du minerai de cuivre à haute teneur en arsenic pour le compte de la multinationale genevoise de négoce de métaux IXM. En septembre 2024, la fonderie a été cédée. Restent quelque 300 000 tonnes de trioxyde d’arsenic hautement toxique qui ont été mis en décharge au-dessus d’une source d’eau souterraine importante pour l’ensemble du pays.

des champs de scories – des résidus des opérations de traitement des métaux – noires comme du jais, de hauts terrils de déchets toxiques et des bassins d’eaux usées d’un vert éclatant marquent le paysage. Ils sont l’héritage de décennies d’exploitation minière et d’une énorme fonderie de cuivre construite dans les années 1960.
Prise de vue par drone de la fonderie exploitée jusqu’à récemment par Dundee Precious Metals (DPM), partenaire de la multinationale genevoise de négoce de métaux IXM, à Tsumeb en Namibie.

À propos de l’auteur

Samuel Schlaefli est journaliste indépendant spécialisé dans l’environnement et les sciences et vit à Bâle. En collaboration avec l’équipe d’investigation « Reflekt », il a enquêté en 2023 sur les stratégies de la multinationale chimique bâloise Syngenta pour la distribution de pesticides hautement toxiques en Afrique. Des articles à ce sujet ont été publiés dans la Sonntagszeitung, la WOZ, la SRF et Le Courrier. L’enquête sur la fonderie de cuivre de Tsumeb a été réalisée en coopération avec la Coalition pour des multinationales responsables, qui l’a financée. La journaliste Ester Mbathera a apporté son appui au travail d’enquête en Namibie.

La Namibie : les adeptes de voyage associent surtout ce pays à une vaste savane inhabitée, à des animaux sauvages en liberté et à des lodges luxueux dans des parcs nationaux. À Tsumeb, une petite ville du nord de la Namibie, à seulement 100 kilomètres du parc national d’Etosha mondialement connu, on ne trouve rien de tout cela. Ici, des champs de scories – des résidus des opérations de traitement des métaux – noires comme du jais, de hauts terrils de déchets toxiques et des bassins d’eaux usées d’un vert éclatant marquent le paysage. Ils sont l’héritage de décennies d’exploitation minière et d’une énorme fonderie de cuivre construite dans les années 1960. Elle est toujours en activité aujourd’hui. On y fond surtout du minerai de cuivre provenant d’Europe et d’Amérique du Sud. Début août, par l’intermédiaire d’un ancien collaborateur, j’obtiens l’accès au site d’environ neuf kilomètres carrés, clôturé par des barbelés. À mon grand étonnement, car les demandes de visite de journalistes et d’ONG sont généralement refusées par l’exploitant de la fonderie, la multinationale minière canadienne Dundee Precious Metals (DPM).

Comme dans un film apocalyptique

Dans un minibus de DPM, nous roulons au pas vers la fonderie, puis nous continuons en direction des décharges. Nous nous immergeons dans un environnement qui conviendrait bien comme décor à un film apocalyptique, passant devant des carcasses d’acier rouillées, des bâtiments industriels, des pipelines, des cheminées fumantes et des excavatrices monstrueuses. Tout est recouvert de poussière, la lumière est blafarde, l’environnement apparaît un peu flou comme à travers un filtre gris. Les quelques ouvriers qui transportent des déchets sur le site dans des chariots élévateurs ouverts ou qui humidifient les chemins non stabilisés avec des tuyaux d’arrosage portent des combinaisons de protection intégrale, des gants, des casques et des masques à gaz. Qui travaille ici doit se protéger de l’environnement délétère, des poussières, des gaz et des vapeurs toxiques. Nous traversons des zones jonchées de tuyaux d’acier rouillés de plusieurs tonnes, de machines et de chaudières mises au rebut. Ils sont là depuis des années, car pour les évacuer et les éliminer, il faudrait d’abord les décontaminer.

Le bus poursuit sa route le long des champs de scories jusqu’à une colline au sud du site. C’est ici que se trouve la « Hazardous Waste Disposal Facility », une décharge avec deux énormes tas d’une poudre blanche, du trioxyde d’arsenic, une forme stable de l’élément arsenic. En cas d’ingestion, 0,1 g suffit pour être mortel. Des véhicules miniers transportent le matériau hautement toxique dans des sacs de sucre depuis la fonderie jusqu’à la décharge où il est déversé. Plus tard, les sacs sont aplatis par un bulldozer. C’est probablement ici que se trouve la plus grande décharge d’arsenic au monde. Selon les estimations d’anciens cadres dirigeants de la fonderie, il y a ici environ 300 000 tonnes de cette substance dont le caractère cancérigène est avéré. Suffisamment pour empoisonner mortellement l’humanité entière à plusieurs reprises.

Des ouvriers en combinaisons de protection empilent les déchets hautement toxiques dans une décharge. On estime qu’environ 300 000 tonnes de déchets d’arsenic sont stockées à Tsumeb.

Les travailleurs portent des équipements de protection pour se protéger des particules toxiques qui se dispersent dans l’environnement.

Pour cette enquête, j’ai rencontré, en juillet et août 2024 et avec l’aide de la journaliste namibienne Ester Mbathera, de nombreux·euses habitant·e·s de Tsumeb et mené 25 interviews avec des collaboratrices et collaborateurs actuel·le·s et ancien·ne·s, des activistes, des chercheur·euse·s, ainsi que deux anciens directeurs de la fonderie. Nous avons en outre collecté des échantillons sur place et les avons fait analyser par des scientifiques de l’Université de Berne. L’enquête montre comment la multinationale genevoise de négoce de métaux IXM a fait traiter pendant des années du minerai de cuivre à forte teneur en arsenic en Namibie et comment son partenaire commercial DPM a profité de la faible réglementation de la Namibie pour se débarrasser de trioxyde d’arsenic hautement toxique et cancérigène en Afrique. Les risques pour la population de Tsumeb et pour les travailleuses et travailleurs de la fonderie ont été sciemment acceptés pour les bénéfices du commerce de cuivre. La direction de DPM au Canada a été informée très tôt que des collaborateur·trice·s avaient été exposé·e·s à des concentrations parfois très élevées d’arsenic. Malgré les avertissements et connaissant le risque de cancer, elle n’est pas intervenue.

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« Nous sommes les gardiens de l’environnement ». La multinationale DPM, qui exploite la fonderie de cuivre, affirme s’engager pour la préservation de l’environnement à Tsumeb.

Marquée à vie

Tsumeb a été fondée en 1905 par la puissance coloniale allemande, qui a dominé la Namibie de 1884 à 1915 en tant que colonie Deutsch-Südwestafrika (Sud-Ouest africain allemand). La « Schutztruppe » (troupe de protection) ne voulait pas seulement les terres de la population indigène, mais aussi les ressources minières de la Namibie. Les environs de Tsumeb étaient riches en métaux. Aujourd’hui encore, les noms des rues rappellent ce qui a été extrait ici jusqu’à la fin du siècle dernier : « Kupfer St. », « Silber St. », « Zink St. » et « Germanium St. ». Il y a aussi un musée de la mine et un festival du cuivre a lieu chaque année. Une colline sépare les plus de 40 000 habitant·e·s de la ville du site de l’ancienne mine, où l’on n’extrait plus de minerai aujourd’hui, mais où l’on continue à fondre le cuivre. Environ 500 mètres séparent la décharge d’arsenic, légèrement surélevée, de l’école la plus proche et environ 700 mètres séparent la fonderie de l’hôtel central « Minen » où, sur le mur à l’entrée, figurent des maillets et des fers, symbole international de l’industrie minière.

Environ 500 mètres séparent la décharge d’arsenic, légèrement surélevée, de l’école la plus proche.

C’est ici, sur la terrasse de l’hôtel où se pressent touristes, consultant·e·s de l’industrie minière et collaborateur·trice·s d’ONG, que je rencontre Walter Haihambo. Sous un chapeau de safari en tissu vert, on distingue deux yeux alertes et courroucés. Il s’exprime en oshiwambo, la langue locale parlée principalement dans le nord de la Namibie. Un collègue traduit pour nous. En 2011, Walter Haihambo a travaillé six mois dans la fonderie pour DPM, au niveau des filtres à manches (« bag houses »), où les vapeurs d’arsenic sortant du four de fusion sont refroidies et cristallisées en une poudre. Lui et ses collègues mettaient le trioxyde d’arsenic dans des sacs pour qu’il puisse être envoyé à la décharge.

Peu après avoir commencé à travailler à la fonderie, Walter Haihambo a eu pour la première fois des éruptions cutanées sur tout le corps, y compris le visage. Il a été examiné par le médecin de l’entreprise et a fourni un échantillon d’urine. Il n’a jamais vu les résultats. Il a d’abord été muté pour un mois. Lorsqu’il est revenu à son poste de travail initial, les éruptions cutanées ont recommencé. Au bout de six mois, il raconte qu’il a été licencié : « selon eux, je n’étais pas assez en forme pour continuer à travailler à la fonderie ». Il retrousse son jean et nous montre ses jambes. Elles sont couvertes de cicatrices de la cheville à la cuisse. L’éruption cutanée provoquait des cloques et le brûlait tellement qu’il se grattait jusqu’au sang. « Parfois, ça brûle encore aujourd’hui », dit-il. Walter Haihambo s’est joint à d’autres anciens ouvriers de DPM également affectés et exige de la multinationale canadienne une compensation financière pour les dommages causés à sa santé et des soins médicaux à vie. Jusqu’à présent, DPM n’a pas donné suite à cette demande.

Walter Haihambo, ancien collaborateur de DPM.


Des analyses de l’Université de Berne aux résultats inquiétants

Pour cette enquête, 30 échantillons d’eau, de sol, de plantes et de cheveux ont été prélevés sur place. Ceux-ci ont été analysés par le groupe de pédologie (science du sol) de l’Université de Berne. Les analyses confirment les conclusions d’études antérieures : le sol près de la fonderie est massivement contaminé par l’arsenic et d’autres métaux lourds. « Avec jusqu’à deux pour cent d’arsenic dans le sol, ces valeurs sont extrêmement élevées et comparables à d’autres sols contaminés par la fonte », explique Adrien Mestrot, professeur de sciences du sol à l’Université de Berne. Les feuilles et les herbes analysées présentent également des taux d’arsenic très élevés. « Même si nous n’avons pas analysé les fruits des plantes, il est tout à fait possible, compte tenu de ces valeurs, que les parties comestibles des plantes présentent également des concentrations élevées d’arsenic », explique Adrien Mestrot.

L’arsenic se concentre dans les cheveux. L’analyse des cheveux est donc appropriée pour mesurer une exposition à long terme. Dans nos échantillons, les collaborateur·trice·s de la fonderie et la population vivant à l’ouest de celle-ci présentent les valeurs les plus élevées. Cette zone est particulièrement touchée par les émissions et les poussières de la fonderie en raison de la direction du vent. Les niveaux les plus élevés mesurés concernent des personnes souffrant de troubles qui pourraient être liés à une exposition à l’arsenic. Selon des études antérieures, des concentrations d’arsenic dans les cheveux supérieures à 1 mg/kg indiquent une exposition excessive. Tous les échantillons de Tsumeb dépassent cette valeur et dans huit cas sur 12, d’au moins trois fois. Pour un collaborateur de la fonderie, la valeur était même 20 fois supérieure à cette limite. En comparaison avec des échantillons de référence provenant de Windhoek, la capitale namibienne, et de Suisse, la teneur en arsenic des échantillons de Tsumeb était jusqu’à 100 fois plus élevée. « Ces valeurs sont effrayantes et montrent que la population de Tsumeb est massivement exposée à l’arsenic », déclare Adrien Mestrot. « Il faut absolument faire des tests supplémentaires pour comprendre la véritable ampleur des effets de la fonderie sur la santé. »

La fusion de minerais de cuivre produit principalement deux déchets toxiques : du trioxyde d’arsenic et du dioxyde de soufre. Ce dernier est un gaz et a été rejeté en grande quantité dans l’environnement jusqu’à fin 2016. L’air sentait souvent les œufs pourris et l’ail et irritait les muqueuses, comme le racontent des habitant·e·s de Tsumeb. Parfois, les nuits où les nuages étaient bas et où le gaz était comme coincé sous un couvercle, les plantes dans les jardins et le maïs dans les champs étaient corrodés le lendemain matin. D’ancien·ne·s collaborateur·trice·s confirment que les agriculteur·trice·s ont reçu des indemnisations à plusieurs reprises après de telles pertes, certain·e·s disent avoir été « acheté·e·s ».

Le deuxième déchet, le trioxyde d’arsenic, sent certes moins mauvais, mais il est beaucoup plus dangereux. Selon l’OMS, il est clairement cancérigène. Lorsqu’il est ingéré, il perturbe les processus biochimiques du corps, comme la réparation de l’ADN, le métabolisme énergétique des cellules et les processus de transport entre les récepteurs. Des études ont démontré un lien entre l’exposition à long terme à l’arsenic et l’augmentation de la mortalité infantile, le développement cognitif limité, l’insuffisance rénale et différents types de cancer chez les jeunes. Les symptômes d’une exposition à long terme à l’arsenic sont variés et difficiles à attribuer à la source initiale. Les premiers signes sont souvent des problèmes cutanés, notamment des décolorations et des durcissements de la peau, ou des problèmes pulmonaires, généralement sous la forme d’une bronchite.

En raison de sa toxicité et de son pH bas, le trioxyde d’arsenic irrite la peau, ce qui peut entraîner une éruption cutanée violente. Cet « arsenic rash », ou éruption d’arsenic, selon les termes de Walter Haihambo, est particulièrement fréquente à Tsumeb, comme le montrent les rapports de médecins du travail d’Afrique du Sud. Si l’on parle avec d’ancien·ne·s et d’actuel·le·s collaborateur·trice·s de DPM, ils et elles connaissent pratiquement tou·te·s quelqu’un qui a déjà été recouvert de pustules. En 2011, soit un an après la reprise de la fonderie par DPM, les plaintes de travailleuses et travailleurs ont commencé à s’accumuler. La direction de l’époque a affirmé que les maladies et les blessures n’avaient rien à voir avec la fonderie et qu’il s’agissait de symptômes du VIH/SIDA. La situation s’est tellement dégradée que le ministère de l’Environnement est intervenu en 2012. DPM a dû réduire de moitié la capacité de sa fonderie, ce qui a entraîné une diminution temporaire de la production de trioxyde d’arsenic.

Les problèmes ont commencé avec du minerai de Bulgarie

Dans le quartier de Nomtsoub, de nombreuses routes ne sont pas goudronnées et sont parsemées de nids de poule. Le soir, les habitant·e·s s’assoient dehors devant de simples maisons en briques aux toits de tôle ondulée ou se rassemblent devant des barbecues sur lesquels on fait cuire des brochettes de viande. Les jeunes boivent dans des shebeens, des bars à bière improvisés, tandis que les haut-parleurs diffusent de l’amapiano, une variété sud-­africaine de musique house. C’est ici, à Nomtsoub, que nous rencontrons Nikasius Hangula. Il fait également partie du groupe d’hommes qui demandent une compensation à DPM. Dans son modeste salon, sous la lumière éblouissante d’une ampoule, il nous raconte l’histoire de la fonderie.

Nikasius Hangula a été embauché à la mine en 1973, à l’âge de 19 ans et était responsable de la réparation des voies ferrées utilisées pour transporter les minerais et les métaux vers la côte. Après la fermeture de la mine, il est passé à la fonderie, où il a pris sa retraite en 2014. Pour les premières années, ses récits sonnent nostalgiques, puis plus ils se rapprochent du présent, plus ils deviennent dramatiques. « Ce n’est qu’avec DPM et le minerai de cuivre en provenance de Bulgarie que les problèmes ont commencé dans la fonderie », raconte-t-il. Des collègues avec lesquels il avait longtemps travaillé auparavant se seraient soudain plaints de démangeaisons difficilement supportables, d’éruptions cutanées qui se transformaient en cloques et laissaient des plaies ouvertes. « On ne connaissait pas ça avant. »

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À partir de 2008, la nature du minerai de cuivre traité à Tsumeb a changé. Celui-ci ne provenait plus de Tsumeb, de Namibie ou d’un autre État de la région, mais d’Europe. DPM avait ouvert la mine de cuivre et d’or de Chelopech, en Bulgarie, en 2008. À l’origine, le cuivre qui y était extrait devait être séparé du minerai par du cyanure ou le minerai devait être fondu sur place. Mais le gouvernement bulgare n’a pas donné son autorisation. La raison : les risques pour l’environnement et la santé. Le minerai de Chelopech contient environ 5,5 % d’arsenic, alors que la teneur habituelle est inférieure à 1 %. La fonte de tels minerais est interdite dans de nombreux États. Seules quatre fonderies dans le monde  acceptent de fondre de tels minerais « complexes », certains disent même minerais « sales », et l’une d’entre elles est Tsumeb.

Dans cette fonderie, DPM a traité du minerai de cuivre à forte teneur en arsenic pour le compte d’IXM jusqu’en l’été 2024.

En 2008, DPM a envoyé pour la première fois du minerai de cuivre de Bulgarie en Namibie pour des tests. En 2010, la multinationale canadienne a racheté la fonderie. Du minerai supplémentaire en provenance du Pérou, présentant également une teneur élevée en arsenic, devait permettre d’utiliser la fonderie à pleine capacité. Dès lors, DPM a transporté le minerai pulvérisé de couleur anthracite de sa mine de Chelopech sur environ 13 000 kilomètres par camion, bateau et train jusqu’à Tsumeb pour le faire fondre à plus de 1 200 degrés Celsius et le séparer de l’arsenic et d’autres substances toxiques. Lorsque le ministère de l’Environnement est intervenu en 2012 pour contraindre DPM à réduire la capacité de production de la fonderie, une vaste enquête a été menée, cofinancée par le Programme des Nations Unies pour l’environnement.

L’étude correspondante n’a jamais été publiée. Je la reçois des mains d’un ancien collaborateur de DPM qui l’avait scannée. Dans ce document, les auteurs concluaient déjà en 2012 que l’installation n’était pas équipée de manière adéquate pour traiter le minerai de cuivre de Chelopech, extrêmement riche en arsenic. Avec pour conséquence que l’arsenic gazeux issu de la production s’évaporait dans l’environnement et mettait gravement en danger les personnes qui y travaillaient. Les auteurs attiraient également l’attention sur le fait que « le gouvernement ne dispose pas d’inspecteurs suffisamment formés et expérimentés pour surveiller l’industrie ». Et ils recommandaient déjà à l’époque un examen clinique à grande échelle des communautés les plus à risque (« most at risk communities »), y compris une surveillance à long terme du cancer, avec prise en compte des certificats de décès. C’est également ce qu’a demandé plus tard un médecin qui souhaite rester anonyme. Il a longtemps conseillé DPM sur les questions de santé et a critiqué l’entreprise pour son manque de professionnalisme dans le suivi de l’exposition à l’arsenic des collaborateur·trice·s.

Les sols autour de la fonderie sont fortement pollués par l’arsenic et d’autres métaux lourds.

Le bras de Nikasius Hangula tremble de manière incontrôlée pendant l’entretien, un problème avec les nerfs, peut-être la maladie de Parkinson, il ne sait pas exactement. Il semble faible et fragile et parle de douleurs abdominales régulières et d’un rein endommagé. La plupart de ses collègues avec lesquels il travaillait à la fonderie seraient aujourd’hui malades. « À l’époque, lorsque nous avons confronté nos supérieurs hiérarchiques chez DPM aux éruptions cutanées, ils nous ont simplement dit que nous ne portions pas correctement nos vêtements de protection. » Depuis, Nikasius Hangula est devenu une sorte de chroniqueur officieux de la résistance à DPM. Les collaborateur·trice·s n’ont cessé de dénoncer les conditions de travail dans la fonderie. Ils ne pouvaient pas compter sur le syndicat, car celui-ci représentait la position du gouvernement et de la direction de DPM. Ils ont été soutenus uniquement par des ONG locales et parfois internationales. De nombreux travailleurs auraient été licenciés en raison de leur résistance. Certains seraient aussi partis d’eux-mêmes, se seraient soudain tus ou auraient déménagé. « DPM a fait pression sur des collaborateur·trice·s et les a réduit·e·s au silence », explique Nikasius Hangula.

Nikasius Hangula, ancien collaborateur de DPM.

Le siège social au Canada était au courant

Un rapport interne à l’entreprise datant de 2013 montre que les collaborateur·trice·s de l’« arsenic plant », en particulier, ont été exposé·e·s à des concentrations élevées d’arsenic. Ce bâtiment indépendant, qui n’a été fermé qu’en 2017, était utilisé par DPM pour le traitement du trioxyde d’arsenic issu du processus de fusion afin de le revendre à des fabricants de pesticides et de produits de préservation du bois, principalement en Malaisie.
Le rapport fait état de concentrations d’arsenic dans l’air ambiant jusqu’à 15 fois supérieures à la limite légale autorisée en Namibie. Des concentrations jusqu’à huit fois supérieures à la limite nationale ont été mesurées dans l’urine. Si DPM s’était basé sur les valeurs limites internationales, les valeurs auraient été encore plus alarmantes. Les valeurs des années suivantes étaient comparables et parfois même nettement plus élevées, affirme un ancien collaborateur de DPM ayant accès aux données de santé et qui souhaite rester anonyme.

Il raconte : « La direction au Canada a été informée très tôt de la forte exposition des travailleurs. Malgré cela, on nous a dit de continuer à faire fonctionner l’installation ». David Rae, le COO (Chief Operating Officer) de l’époque et actuel CEO de DPM à Toronto, aurait été informé, tout comme Nikolay Hristov, l’actuel vice-président pour la durabilité. Les nombreux avertissements de Tsumeb auraient été volontairement ignorés au Canada. « DPM a profité de la faiblesse de la réglementation et de l’absence de contrôle des autorités namibiennes », explique l’ex-­collaborateur. « La santé des travailleurs n’était pas un argument. » Nous avons fait part de ces accusations au siège de DPM au Canada, mais n’avons jamais reçu de réponse malgré plusieurs relances. Personne ne sait comment se portent aujourd’hui les 30 collaborateur·trice·s qui travaillaient à l’époque dans la production d’arsenic, ni s’ils sont encore en vie. Il existe bien une liste de leurs noms ; mais personne n’a encore pris la peine de les localiser. « Ce qui est perfide, c’est que le cancer dû à l’arsenic se manifeste souvent plusieurs années après l’exposition », explique l’ancien collaborateur. « Et DPM le sait. »

IXM déclare réaliser plus de 20 milliards de dollars de chiffre d’affaires par an grâce au commerce de métaux.

IXM : un poids lourd du commerce mondial des métaux, basé à Genève

IXM est l’un des leaders mondiaux du négoce de métaux, né en 2017 de la vente de la division Métaux de Louis Dreyfus Company (LDC). La multinationale emploie plus de 450 personnes dans le monde entier et son siège social se trouve à Genève. Aujourd’hui, IXM est considéré comme la troisième plus grande multinationale du secteur, juste derrière Glencore et Trafigura. Pourtant, peu de gens connaissent son nom. En 2023, IXM s’est approvisionné en cuivre, zinc, plomb, nickel, aluminium, cobalt et niobium dans plus de 40 pays sur six continents. En 2022, la multinationale a réalisé un chiffre d’affaires d’environ 21,5 milliards de francs suisses. Le CEO d’IXM, Kenny Ives, a travaillé auparavant pendant plus de 25 ans chez Glencore, où son dernier poste était la direction de la division Nickel.

Depuis la reprise de la fonderie de Tsumeb par la multinationale minière canadienne Dundee Precious Metals (DPM) en 2010, LDC (et plus tard IXM) détenait les droits exclusifs d’achat du cuivre qui y était traité. En 2010, LDC a ouvert son propre entrepôt pour le minerai de cuivre importé de Bulgarie dans le port de Walvis Bay, sur la côte namibienne. De là, le minerai à haute teneur en arsenic était acheminé par rail jusqu’à Tsumeb, à l’intérieur des terres. IXM avait des droits exclusifs, valables jusqu’en 2026, pour acheter du concentré de cuivre de la mine bulgare de Chelopech, le faire transformer dans la fonderie de Tsumeb en Namibie et acheter tout le cuivre blister raffiné de la fonderie de Tsumeb. Cet accord exclusif présentait l’avantage pour IXM de pouvoir faire traiter le minerai de cuivre problématique en raison de sa haute teneur en arsenic par DPM à Tsumeb, tout en permettant à DPM d’assurer un certain niveau d’utilisation de sa fonderie.

Comme le minerai provenant de la mine d’or et de cuivre bulgare de Chelopech et des mines de cuivre d’Amérique du Sud était tellement toxique, ou « complexe », comme le dit le rapport annuel de DPM, DPM pouvait exiger un prix élevé pour son traitement. Le 30 août 2024, DPM a vendu la fonderie à l’entreprise chinoise Sinomine Resource Group Co. Ltd pour 20 millions de dollars. Tous les contrats d’achat avec IXM ont ainsi pris fin.

Le partenaire central de DPM a été dès le début la multinationale Louis Dreyfus, dont le siège opérationnel se trouve à Genève. En 2017, elle a vendu sa division Métaux pour 466 millions de dollars au Natural Resources Investment Fund chinois. L’entreprise a été rebaptisée et s’appelle depuis 2018 IXM. Le siège de l’entreprise, qui fait partie du groupe chinois CMOC, se trouve à Genève, avec une succursale à Zoug et des bureaux sur plusieurs continents. DPM est une sorte de prestataire de services pour IXM. La multinationale basée en Suisse achète le minerai de cuivre de Chelopech et d’autres mines, organise et finance son transport jusqu’à Tsumeb et détient ensuite les droits exclusifs pour l’achat du cuivre blister transformé d’une pureté d’environ 98 %. Le cuivre fait partie du cœur de métier lucratif d’IXM, car ce métal est très demandé. Il fait en effet partie des matières premières les plus importantes pour les technologies clés, comme le photovoltaïque ou l’énergie éolienne. Ces dernières années, les prix du cuivre ont généralement été orientés dans une seule direction : à la hausse. IXM déclare réaliser plus de 20 milliards de dollars de chiffre d’affaires par an avec la vente de métaux. Le site Internet de la multinationale mentionne un certain nombre de certifications de durabilité, dont « The Copper Mark », qui est censé garantir une production responsable de cuivre, de nickel, de zinc et de molybdène et contribuer « à un héritage positif et à une société durable ».

Les relations entre « Louis Dreyfus » (plus tard IXM) et DPM ont été étroites depuis la reprise de la fonderie. Des collaborateur·trice·s de Suisse ont ainsi régulièrement visité la fonderie, comme l’ont confirmé plusieurs ancien·ne·s collaborateur·trice·s de DPM. De plus, IXM a mandaté des consultant·e·s de « Bureau Veritas », qui étaient stationné·e·s à Tsumeb et s’assuraient qu’IXM obtienne les quantités de cuivre convenues. Selon une ancienne collaboratrice de DPM ayant un aperçu de la coordination entre DPM et IXM, le siège de Genève était informé pratiquement tous les jours de ce qui se passait dans la fonderie. Malgré cela, IXM n’est pas intervenu pour protéger les collaborateur·trice·s et la population de Tsumeb des émissions toxiques de la fonderie. Nous avons également confronté IXM aux accusations des ancien·ne·s collaborateur·trice·s de DPM et avons demandé à plusieurs reprises pourquoi le management n’était pas intervenue lorsqu’il avait eu connaissance des rapports sur les niveaux élevés d’arsenic. Sans succès : IXM renvoie vers DPM.

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Exposition aux produits chimiques

La plupart des magasins de Tsumeb sont alignés le long de la « President Street », la rue centrale. Des pick-ups imposants sont garés devant des fast-foods. Des femmes vendent sur des étoffes des noix et des légumes des environs. Des groupes de jeunes hommes bavardent et boivent de la bière. Dans l’un des magasins, nous rencontrons une jeune vendeuse qui ne souhaite pas révéler son vrai nom. Ses bras, son cou et son visage sont couverts de pustules rouges, comme si elle avait la rubéole. Elle vit à Tsumeb depuis 1991, raconte-t-elle. Ses problèmes de peau auraient commencé en 2009. Depuis, elle souffre souvent de crampes d’estomac et de nausées la nuit et le matin. Pendant la journée, elle a des maux de tête, parfois si violents qu’ils la font vomir. Elle sort deux boîtes d’analgésiques, « Myprodol » et « Tensopyn ». « Sans eux, je ne pourrais pas tenir », dit-elle. Sa voisine est également malade. Elle affirme que dès qu’elle passe quelques jours sur la côte, elle se sent mieux. « Mais je suis chez moi à Tsumeb, je ne veux pas partir d’ici ». Son petit magasin est situé à l’extrémité nord de la ville, à quelques centaines de mètres de la décharge d’arsenic. Un jeune homme au look sportif et aux cheveux fraîchement rasés nous a écoutés et dit : « Regarde mes joues ». Elles sont rugueuses et un peu rouges. Il est très préoccupé par son apparence. « Je crois que ce sont les produits chimiques », dit-il en faisant un signe en direction de la fonderie.

« À vendre ». Plusieurs fermes à proximité de la fonderie ont été abandonnées.

Dans le centre de Tsumeb, on trouve plusieurs pharmacies. Comme nous l’apprenons, elles sont bien fréquentées et se prêtent à en apprendre davantage sur la santé dans la communauté. Le pharmacien de la Tsumeb Pharmacy, Buys Steenkamp, affirme n’avoir détecté aucun symptôme particulier chez sa clientèle. « Rien de particulier, si ce n’est une peau sèche, comme c’est souvent le cas ici pendant les mois d’hiver », dit-il. Un peu plus loin, dans une deuxième pharmacie, le ton est déjà différent. Annemarie Erasmus, la pharmacienne de la Etosha Pharmacy, dit qu’il est frappant de voir combien de médicaments pour les maladies respiratoires elle écoule, surtout des sprays nasaux et du cortisol. Le fournisseur lui aurait confirmé que nulle part ailleurs dans le pays, on ne vend autant de médicaments de ce type. Une troisième pharmacienne souhaite rester anonyme, car elle ne veut pas s’attirer de problèmes. « Ici, nous souffrons tous de la fonderie », dit-elle. Elle-même se réveille souvent la nuit, à cause de la fumée et des gaz provenant de l’usine. Ensuite, elle a du mal à respirer. Lorsqu’elle est arrivée à Tsumeb il y a six ans, elle a été effrayée par le nombre de personnes souffrant d’allergies et de problèmes de peau qui venaient chercher de l’aide à la pharmacie. Elle parle de mycoses cutanées fréquentes chez les enfants. Mais selon elle, peu de personnes se plaignent ou se défendent. « La plupart des gens sont contents quand on leur donne une pommade. Ils ne veulent pas créer de problèmes, ils veulent surtout des emplois. »

« Bienvenue à Tsumeb », l’une des plus importantes villes minières de Namibie.

DPM est de loin le principal employeur de la ville. Dernièrement, 650 personnes travaillaient dans la fonderie, auxquelles s’ajoutent des centaines de « contractors », des contractuel·le·s chargé·e·s du nettoyage, de l’entretien et du transport. DPM paie les meilleurs salaires de la région et les emplois sont donc très recherchés. Une femme qui a travaillé comme réceptionniste à la fonderie à partir de 2016 raconte qu’elle gagnait 12 000 dollars namibiens, soit environ 600 francs suisses. Ce serait deux fois plus que dans les autres entreprises namibiennes. DPM soigne très consciemment son image et ne se lasse pas de souligner l’importance de la fonderie pour l’économie locale. Sur d’immenses panneaux publicitaires à l’entrée de la ville, l’entreprise se vante d’être « respectueuse » et « inclusive » et d’être les « stewards of the environment », les gardiens de l’environnement. DPM a financé l’ombrière devant le bâtiment de la poste, DPM organise le tournoi de golf annuel, DPM est le sponsor principal du festival annuel du cuivre à Tsumeb, DPM fait don d’ordinateurs portables aux écoles, rénove des terrains de football.

DPM à construit avec la commune un gymnase en plein air pour « un esprit sain, un corps sain, une vie saine », comme l’indique le panneau d’information correspondant.

Zebra Kasete, CEO de la fonderie jusqu’à fin août, a grandi en Namibie, a étudié la métallurgie, a travaillé pour Rio Tinto et a géré une mine de diamants au Zimbabwe. Il est également vice-président de la Chamber of Mines en Namibie et entretient les meilleures relations avec le parti au pouvoir, la SWAPO. Le président Hage Geingob, décédé en février, a visité personnellement la fonderie en 2016 pour inaugurer la nouvelle installation de dioxyde de soufre. DPM est en grande partie exonérée d’impôts, car la fonderie bénéficie du statut de zone franche industrielle. L’ensemble du cuivre produit à Tsumeb, appelé cuivre blister et d’une teneur en cuivre de 98,5 %, est immédiatement réexporté. Pratiquement rien ne reste en Namibie, à part les déchets toxiques.

Les relations entre l’entreprise et le gouvernement sont étroites. Les élu·e·s politiques sont régulièrement invité·e·s sur le site de la fonderie.

Pour beaucoup, l’annonce faite par DPM en mars 2024 de son intention de vendre la fonderie pour 49 millions de dollars à la multinationale chinoise Sinomine Resource Group a été une surprise. D’autant plus que l’entreprise avait déclaré avoir investi plus de 515 millions de dollars dans la fonderie depuis 2010. L’accord a été scellé fin août, mais Sinomine n’a payé que 20 millions de dollars. Beaucoup se demandent pourquoi la multinationale canadienne était si pressée de se débarrasser de la fonderie et de disparaître de Namibie.

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Perte de confiance

En août 2023, une opposition publique de grande ampleur s’est manifestée pour la première fois contre DPM. Selon les organisateur·trice·s de la manifestation, plus de 700 personnes, principalement de du quartier de Nomtsoub, sont descendues dans la rue.  La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est le taux de chômage élevé et un incident avec un camion de la fonderie qui a été nettoyé dans un garage public du village, ce qui est interdit. La crainte s’est répandue que le camion transportait des matériaux contenant de l’arsenic et que ce dernier s’était déversé dans les eaux usées de la commune. Les inquiétudes concernant la qualité de l’eau sont une constante à Tsumeb. Lors de la manifestation, les organisateur·trice·s ont remis une pétition à DPM pour demander des explications. La pétition demande aussi que l’ensemble des habitant·e·s de Tsumeb puissent bénéficier gratuitement d’un examen médical « afin de vérifier notre état de santé, étant donné que nous sommes quotidiennement exposés à l’arsenic et à d’autres substances toxiques ». Et de poursuivre : « La communauté de Tsumeb a perdu la foi et la confiance en la direction corrompue de Dundee Precious Metals, qui n’a aucune compassion pour les habitant·e·s ». Le 11 août 2023, les manifestant·e·s ont marché en direction de l’entrée principale de la fonderie et ont exigé la démission immédiate du CEO Zebra Kasete et d’autres employé·e·s de la direction. 

Lisken Claasen (à droite au premier plan) et ses camarades de l’organisation locale Tsumeb Community Concern Representatives luttent contre la pollution et réclament des examens médicaux gratuits pour la population.

La manifestation a été organisée par l’organisation Tsumeb Community Concern Representatives (TCCR). Je rencontre la fondatrice, Lisken Claasen, et plusieurs camarades un soir dans la pièce peu éclairée d’un jardin d’enfants à la périphérie de Nomtsoub. Sur la table, il y a un gros classeur avec des documents rassemblés sur DPM et la fonderie. Lisken Claasen tousse et se racle la gorge en permanence. « Ici, nous nous inquiétons sérieusement pour notre santé, nos maris deviennent impuissants, beaucoup souffrent de diabète ou d’hypertension, nous voyons des fausses couches et des enfants handicapés », explique Lisken Claasen. « DPM dit toujours “safety first”, mais nous n’avons pas l’impression qu’ils se soucient vraiment de la santé des travailleurs ou des habitant·e·s de Tsumeb. »

Mujiwa Diamantina, également cofondatrice de TCCR, déclare : « Nous y sommes allés, nous avons vu nous-mêmes la décharge d’arsenic. Quand le vent souffle fort, on voit la poudre se disperser dans l’environnement ». Selon elle, les sols de Tsumeb sont manifestement contaminés par du trioxyde d’arsenic. Elle s’inquiète parce que beaucoup de gens à Tsumeb cultivent des légumes et des fruits et que l’arsenic et d’autres métaux lourds provenant des décharges se retrouvent dans la chaîne alimentaire. « Nous nous sentons démuni·e·s », dit Mujiwa Diamantina. « Nous ne faisons pas confiance aux informations de DPM, mais nous n’avons pas d’argent pour engager des expert·e·s de l’étranger pour effectuer des tests indépendants. » Le gouvernement serait depuis longtemps conscient de la situation, mais ne ferait rien. Il en va de même pour l’administration municipale.

Pas d’autorisation pour la recherche sur les risques sanitaires

En fait, DPM et le gouvernement namibien sont depuis longtemps au courant des risques auxquels est exposée la population de Tsumeb. En 2011, des chercheur·euse·s de l’Université de Namibie à Windhoek, en collaboration avec l’Institut fédéral allemand des géosciences et des matières premières, ont fait des analyses de sang et d’urine sur 148 personnes de Tsumeb afin de détecter la présence d’arsenic et d’autres métaux lourds. Une personne sur six présentait des taux d’arsenic supérieurs à la limite fixée par l’OMS et dans un cas, ce taux était neuf fois supérieur à la limite. Les taux de plomb étaient également supérieurs à la limite fixée par l’OMS chez une personne sur cinq. Les personnes vivant dans la zone industrielle directement adjacente au sud de la fonderie et dans le quartier de Nomtsoub étaient particulièrement touchées. Les scientifiques ont attribué ces taux élevés à l’inhalation de poussières contaminées, au contact avec des sols contaminés et à la consommation de produits issus de leurs propres jardins. Les résultats n’ont toutefois jamais été publiés dans une revue scientifique. « Nous n’avions pas l’autorisation pour le faire », explique un chercheur impliqué qui souhaite rester anonyme. La recherche aurait été cofinancée par le gouvernement et c’est lui qui aurait eu le dernier mot. « On nous a dit que les résultats pourraient décourager les investisseurs étrangers dans le secteur minier. »

Sur le site de la fonderie des tubes d’acier et des machines mises au rebut sont stockés, alors qu’ils devraient d’abord être décontaminés pour être évacués.

En 2014, le même groupe de recherche a analysé 43 échantillons de tomates, de carottes, de maïs et de courges de Tsumeb afin de détecter la présence de métaux lourds et d’arsenic. Tous les échantillons ont montré une accumulation significative de plomb, de cadmium et d’arsenic. « Ces éléments peuvent avoir des effets graves sur la santé humaine si les fruits et légumes contaminés sont consommés régulièrement ou en grande quantité », indique l’étude. Pour cette raison, les légumes ne devraient pas être consommés. Les chercheur·euse·s ont proposé de délimiter des zones autour de la fonderie, dans lesquelles la production agricole serait réduite ou complètement interdite. Les légumes à feuilles et à racines en particulier, qui accumulent beaucoup de métaux lourds, devraient être interdits dans toute la ville et sur les terres agricoles jusqu’à 10 kilomètres à l’ouest de la fonderie. Les chercheur·euse·s ont également recommandé des mesures pour l’assainissement des sols pollués, notamment le décapage des couches supérieures du sol contaminées. Rien de tout cela n’a été mis en œuvre par DPM ou le gouvernement.

Vue aérienne de la zone de la fonderie, entourée de terres agricoles (à gauche) et d’espaces naturels. Des analyses ont déjà montré en 2014 que le plomb, le cadmium et l’arsenic s’accumulaient dans des échantillons de légumes provenant de Tsumeb.

« À l’époque, nous aurions aimé analyser aussi des échantillons de cheveux et d’ongles pour mieux comprendre combien de personnes à Tsumeb présentent des taux élevés d’arsenic et de plomb », poursuit le chercheur. Contrairement aux échantillons d’urine, l’arsenic cumulé peut y être détecté longtemps après l’exposition. Mais cela n’aurait pas été approuvé par le ministère de la Santé, pas plus que les études sur les effets de l’exposition à l’arsenic et au plomb sur les enfants. « Tsumeb est aujourd’hui une zone hors-limite pour les chercheur·euse·s namibien·ne·s », dit-il. « C’est tout simplement trop délicat pour le gouvernement. » Nous avons confronté le ministère de l’Environnement et de la Santé à ces déclarations ainsi qu’à nos propres résultats d’analyse. Malgré plusieurs relances, nous n’avons jamais reçu de réponse.

« La poussière tueuse de Tsumeb … les maladies cancéreuses mangent les travailleurs des mines. » – Journal « The Villager »

Manque de transparence

DPM réagit aux résultats de l’enquête et aux accusations de la population en avançant ses propres mesures et données. Selon ses propres informations, l’entreprise contrôle en permanence la qualité de l’air à Tsumeb à l’aide de six stations de mesure. La qualité de l’eau serait régulièrement contrôlée par 31 forages d’eau souterraine dans et autour de la fonderie. Cependant, les données environnementales ne sont ni accessibles au public ni évaluées par un organisme indépendant. DPM fait valoir que toute la pollution ainsi que les taux élevés d’arsenic et de métaux lourds dans les sols datent d’avant la reprise par DPM, c’est-à-dire d’avant 2010. Il est indéniable que des décennies d’exploitation minière et de fonte du cuivre avaient déjà pollué les sols avec des métaux lourds avant l’arrivée de DPM.

Pourtant, en 2020, des chercheur·euse·s australien·ne·s ont pu démontrer, en mesurant les isotopes du plomb dans des échantillons de poussière, que les habitant·e·s étaient toujours exposé·e·s aux poussières provenant des scories et des terrils et que l’exploitation de la fonderie contribuait à cette exposition. Leurs modélisations montrent également que l’ingestion de poussières par la bouche et l’alimentation est la principale voie d’absorption de l’arsenic, suivie par la respiration. Selon eux, les poussières volatiles provenant des tas de déchets, dont la décharge d’arsenic, se répandent dans les environs de Tsumeb et sont inquiétantes, car elles sont très fines et contiennent une grande quantité d’éléments toxiques. Les chercheur·euse·s en ont conclu que les habitant·e·s de Tsumeb étaient exposé·e·s à un risque accru de cancer à cause de la poussière.

« La fonderie de Tsumeb est sale et poussiéreuse par rapport à d’autres exploitations similaires », explique Mark Patrick Taylor, qui travaille depuis 40 ans sur l’impact environnemental des mines à travers le monde. Il est l’auteur principal de l’étude australienne. Lorsqu’il a prélevé des échantillons sur place en 2018, il n’a pas vu de mesures efficaces pour endiguer la production de poussière, principale source d’exposition de la population. « Il ne fait aucun doute que la fonderie est une source de pollution et d’exposition nocive pour la santé des habitant·e·s de Tsumeb. » Cela vaudrait surtout pour les enfants en bas âge : « Des études menées en Australie ont montré que l’absorption involontaire de plomb est souvent encore bien plus élevée chez les enfants que chez les mères, car ils portent tout à la bouche et sont particulièrement exposés aux substances toxiques à travers les vêtements et les seins de leur mère. Il n’y a aucune raison de penser qu’il en serait autrement pour l’arsenic ».

« La fonderie de Tsumeb est sale et poussiéreuse par rapport à d’autres exploitations similaires », explique l’écologiste australien Mark Patrick Taylor.

Mark Patrick Taylor est convaincu que le départ précipité de DPM de Tsumeb serait difficile à réaliser en Europe, aux États-Unis ou au Canada en raison de réglementations environnementales plus strictes. Dans ces pays DPM devrait assainir le terrain de la fonderie avant de le céder, ou verser des millions à un fonds d’État pour l’assainissement ultérieur. Rien de tout cela n’est prévu dans le cas de Tsumeb, même si la fonderie viole le droit des générations futures à un environnement intact. Pour Mark Patrick Taylor, il est clair que « le fait que DPM ne semble pas aujourd’hui assumer l’entière responsabilité de sa propre contribution à la pollution de Tsumeb s’inscrit dans une longue histoire d’entreprises occidentales opérant en toute impunité en Afrique ».

Parmi les décès dus à la pollution, 92 % sont enregistrés dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, dont beaucoup en Afrique. La Constitution namibienne stipule que le gouvernement doit « prendre des mesures contre le dépôt ou le recyclage de déchets nucléaires et toxiques étrangers sur le territoire namibien ». En outre, la Constitution stipule que la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination, ratifiée par 191 pays, dont la Namibie, le Canada et la Suisse, doit être appliquée comme partie intégrante de la législation namibienne. L’objectif est d’empêcher les pays riches de déverser des déchets toxiques dans les pays plus pauvres. L’arsenic est explicitement mentionné dans cette convention. Les experts ont recommandé une réhabilitation à grande échelle des décharges existantes. À ce jour, aucun plan de ce type n’existe pour Tsumeb.

Les tentatives d’action juridique contre DPM ont jusqu’à présent échoué. Le « Legal Assistance Centre » namibien, qui représente les personnes lésées sur une base pro bono, a ouvert une enquête, mais a classé l’affaire parce que les données étaient insuffisantes. En 2019, le cabinet d’avocats anglais Leigh Day a interviewé une douzaine de travailleurs et a voulu poursuivre DPM en justice pour obtenir des dommages et intérêts. Comme DPM est enregistré au Canada, mais que Leigh Day est basé en Angleterre, le cabinet avait l’intention de rendre la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, basée à Londres, responsable des dommages sanitaires à Tsumeb. La banque avait en effet cofinancé l’extension de la mine de DPM en Bulgarie de janvier 2017 à juillet 2024 pour un montant total de 40 millions de dollars. Les plaignant·e·s ont fait valoir que la banque connaissait ou aurait dû connaître le risque d’intoxication à l’arsenic des ouvriers de Tsumeb. Il est cependant vite apparu que la banque bénéficiait d’une large immunité et qu’elle pouvait difficilement être poursuivie devant un tribunal national ou international.

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La décharge d’arsenic menace les nappes phréatiques

Fin août 2024, après cinq mois de délibérations, la Commission nationale de la concurrence de Namibie a donné son feu vert à la vente de la fonderie sans aucune condition concernant le stockage sûr des déchets d’arsenic. C’est pourtant précisément ce que demandent les ONG, les chercheur·euse·s et la population de Tsumeb. « Pourquoi DPM a-t-elle choisi la Namibie pour entreposer ces déchets ? », demande Richard Naobeb, membre de TCCR, le mouvement citoyen qui a organisé la manifestation contre DPM. « Et maintenant, ils vendent simplement la fonderie à une entreprise chinoise et prennent la fuite, sans avoir à assumer la moindre responsabilité. » Il se demande s’il existe un plan de fermeture de la décharge d’arsenic et si un fonds a été créé pour l’assainissement du sol. Il n’a pas la réponse, car il n’a jamais reçu de réponse de la part de DPM. « Ils doivent éliminer cette décharge d’arsenic ! », dit Richard Naobeb. « Il ne s’agit pas seulement de nous, mais aussi de l’avenir de nos enfants. »

Tsumeb est une petite ville au nord de la Namibie. Environ 40 000 habitant·e·s y vivent à proximité de ce qui est probablement la plus grande décharge d’arsenic au monde.

A Tsumeb, il se dit que le « Hazardous Waste Disposal Site » est une bombe à retardement. Celui-ci a été créé en 2012 sur un aquifère d’importance nationale, l’aquifère karstique de Tsumeb, qui est relié à d’autres aquifères de la région. La décharge est située dans une zone de dolomie poreuse, connue pour ses failles géologiques et pour la formation de trous béants (dolines). Selon des expert·e·s, la décharge n’aurait jamais dû être construite à cet endroit. Le trioxyde d’arsenic, soluble dans l’eau, risque de se diffuser largement dans le sol et les nappes phréatiques en cas de fuite dans le revêtement de la décharge, ce qui serait catastrophique. L’approvisionnement en eau potable de Tsumeb repose à cent pour cent sur les eaux souterraines. Plus de 80 fermes au nord de Tsumeb dépendent des nappes phréatiques pour la culture de légumes, de maïs, de blé, de coton et de citrons.

Eaux empoisonnées

En 2016, DPM a demandé à des géologues et à des hydrologues de l’entreprise internationale de conseil environnemental SLR de réaliser une expertise pour un projet d’extension de la fonderie. La capacité de cette dernière devait passer de 240 000 à 370 000 tonnes de minerai de cuivre par an. Les expert·e·s de SLR ont conclu que les effets négatifs de la fonderie sur la qualité des eaux souterraines sont déjà mesurables et pourraient encore augmenter. Des valeurs d’arsenic, de molybdène et de sulfate supérieures à la limite namibienne pour l’eau potable ont été mesurées dans des puits de forage sur le site. Jusqu’à présent, la contamination n’a pas encore atteint les zones où l’eau potable est captée pour la population, comme le montrent également les analyses effectuées par l’Université de Berne sur des échantillons d’eau potable provenant de Tsumeb. Les simulations de SLR suggèrent que la contamination des eaux souterraines par les métaux lourds va lentement se propager vers le nord, dans des zones où l’agriculture est actuellement pratiquée. Les expert·e·s avaient alors recommandé un assainissement à grande échelle des décharges existantes.

On peut observer actuellement à Yellow-knife, la capitale de la province canadienne des Territoires du Nord-Ouest, ce que signifierait un assainissement selon les normes internationales. 4,4 milliards de dollars vont y être investis pour stocker en toute sécurité les déchets d’arsenic de la Giant Mine. Pendant des années, 237 000 tonnes de trioxyde d’arsenic ont été stockées dans 15 chambres scellées à 76 mètres sous la surface de la terre. Afin d’éviter les infiltrations et la contamination des nappes phréatiques et de sécuriser la décharge à long terme, les chambres sont désormais gelées en permanence. Une entreprise extrêmement coûteuse qui devrait durer jusqu’en 2038. Et financée par les contribuables canadiens, après que l’entreprise responsable Royal Oak Mines Inc. ait fait faillite en 1999.

Prise de vue par drone de la fonderie anciennement exploitée par Dundee Precious Metals (DPM), partenaire de la multinationale genevoise de négoce de métaux IXM, à Tsumeb en Namibie.

« Une contribution pour sauver le monde »

Il n’y a aucun projet de ce type pour Tsumeb. Bien que Dundee Sustainable Technologies, une filiale de DPM, fasse la promotion sur son site Internet d’une technologie « rentable » et « respectueuse de l’environnement » pour le stockage du trioxyde d’arsenic. La vitrification doit permettre de stabiliser la poudre pour éviter qu’elle ne se disperse avec l’eau. Selon DPM, un essai pilote a été réalisé à Tsumeb. Lors de la visite de la fonderie début août, le CEO Zebra Kasete montre un petit morceau de verre qui contiendrait du trioxyde d’arsenic. Il est incapable de dire combien coûterait la vitrification de 300 000 tonnes de trioxyde d’arsenic. Et il ne semble pas y avoir de projets en la matière. DPM ne s’en soucie d’ailleurs plus. L’acheteur chinois Sinomine Resource Group a repris la fonderie en septembre 2024 avec l’ensemble des passifs, c’est-à-dire les responsabilités et les obligations. Serait-ce la raison du prix de vente peu élevé de 20 millions de dollars ?

Lors de notre visite du site de la fonderie début août, rien n’indique que le « Hazardous Waste Disposal Site » de Tsumeb sera bientôt fermé. Une benne a déjà atteint sa capacité maximale et a été recouverte de bâches en plastique. Une deuxième est ouverte et continue à d’être remplie. Et déjà, une troisième benne est préparée ; un groupe d’hommes, revêtus de combinaisons blanches intégrales et le visage recouvert d’un masque à gaz, déverse une poudre blanchâtre et grisâtre sur un tas. Il est très probable qu’il s’agisse de résidus de trioxyde d’arsenic provenant du bassin qui servait autrefois à recueillir l’eau contaminée. Zebra Kasete confirme que la décharge doit être agrandie et dit : « Nous pensons que nous avons encore des capacités pour deux ou trois ans ».

Tamaris chétifs dans une terre noire : 40 % des arbres plantés pour décontaminer les sols n’ont pas survécu.

À la fin du trajet sur le site poussiéreux de la fonderie, jonché de déchets industriels, Zebra Kasete montre du doigt une petite station de recyclage où sont triés le plastique, le papier et le verre utilisés dans les bureaux. Deux collaboratrices, le visage caché derrière un masque à gaz, trient des cartons avec lassitude. « C’est notre petite contribution pour sauver le monde. Tout le monde doit apporter sa contribution », déclare le CEO. Il raconte avec fierté qu’un collaborateur du ministère de l’Environnement a inauguré la station et a vanté le projet comme un modèle pour toute la Namibie. En ce qui concerne la renaturation du site, largement communiquée par DPM, Zebra Kasete fait référence à un projet de phytoremédiation, une méthode qui consiste à utiliser des plantes pour la décontamination. Selon ses propres informations, 15 000 tamaris, une espèce d’arbre résistante qui supporte les sols secs et salins, ont été plantés autour de la fonderie. Ils sont connus pour extraire les métaux lourds de la terre et les stocker dans le bois. Lorsqu’ils seront suffisamment grands, ils seront brûlés dans le four de la fonderie. « Nous voulons laisser un héritage positif et laisser les lieux plus propres que nous ne les avons trouvés », explique Zebra Kasete. Dioni Davindschima, responsable du projet chez DPM, nous montre les tamaris. Ils arrivent seulement à hauteur de poitrine et poussent dans une terre sablonneuse noire comme du jais, qui devrait en principe être rougeâtre. Les arbres ont l’air dégarnis et chétifs. Nous demandons à Dioni Davindjima si tous les arbres plantés à l’origine ont survécu. « Non, environ 40 % sont morts », répond-elle. « Probablement à cause de la terre. »

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Évaluation de la Coalition pour des multinationales responsables

Si le siège de DPM se trouvait dans un pays de l’UE, cette multinationale ne pourrait plus, à l’avenir, tourner le dos à la Namibie sans assumer ses responsabilités vis-à-vis des travailleuses et travailleurs, des habitant·e·s et des déchets abandonnés. La nouvelle directive sur la responsabilité des multinationales (CSDDD), adoptée par l’UE à la mi-2024, oblige en effet les multinationales à respecter les droits humains et les standards environnementaux dans leurs activités commerciales. Si une multinationale enfreint cette directive, elle devra à l’avenir répondre des dommages causés. En Suisse, il n’existe cependant toujours pas de loi sur la responsabilité des multinationales. IXM, dont le siège est à Genève, n’a donc pas à craindre de conséquences pour la pollution de l’environnement à Tsumeb, bien que la multinationale en ait profité pendant des années. Au Canada non plus, il n’existe pas encore de loi étendue sur la responsabilité des multinationales, mais une proposition de loi est en suspens au Parlement. Par ailleurs, en raison d’un système juridique différent, des procédures judiciaires ont été engagées à plusieurs reprises par le passé contre des multinationales et se sont terminées par des accords à l’amiable, ce qui ne serait pas possible en Suisse.

Il n’est pas certain qu’IXM doive un jour se préoccuper des droits humains et des exigences environnementales : en effet, la Suisse sera bientôt le seul pays d’Europe sans responsabilité des multinationales. Le cas de Tsumeb montre ainsi une fois de plus qu’une loi efficace sur la responsabilité des multinationales est nécessaire en Suisse, afin d’obliger des multinationales comme IXM à respecter les droits humains et les normes environnementales et à répondre des dommages causés.

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